Les bacs massant en position allongée sont aujourd’hui au catalogue de tous les fabricants. Mieux, ils commencent à se vendre ! mais Au-delà de l’aspect financier, la décision de s’équiper dépend beaucoup de la remise à plat des services en salons... L’esprit spa/institut de beauté globale se diffuse doucement en France. Il en est de même de certains équipements haut de gamme pour salons de coiffure. Le bac en position allongée, sans devenir un standard, tend à s’implanter fortement. Et l’étape suivante, c’est le bac allongé massant. La quasi-totalité des fournisseurs de mobilier ont aujourd’hui une offre structurée en ce sens, même si les ventes effectives de ces produits dépassent rarement 5% de leurs volumes. Pourquoi se limiter dans un tel équipement ? Pour plusieurs raisons objectives. Avant tout, le bac massant est plus ou moins 25% plus cher qu’un bac allongé classique… Lui-même facilement deux fois plus onéreux qu’un bac de base. Par ailleurs, ce type de bac demande à la fois un peu plus de place -même si cela dépend de l’organisation de l’espace-, et surtout une démarche de service complète autour du bien-être. Avec au minimum une prestation de massage du cuir chevelu, afin de donner du sens au niveau de l’exploitation commerciale au quotidien.
UN MOUVEMENT QUI S’ACCÉLÈRE
L’offre s’est structurée autour d’une première génération, vite dépassée et un peu « gadget », de « bacs vibrants », avant de s’orienter rapidement vers une offre de massages élaborés par voie de rouleaux mobiles internes ou de pressions pneumatiques. Les fournisseurs ont majoritairement opté pour des massages shiatsu, suivant le mouvement de fond de cette technique aux principes d’action proches de l’acupuncture, à la limite de l’action thérapeutique. D’autres adoptent une démarche différente, plutôt centrée sur le massage détente, dans une logique de relaxation pure. Ce qui met tout le monde d’accord, c’est la nécessité de bien réfléchir à l’intégration de ce nouveau service, encore négligé, même dans un certain nombre d’instituts haut de gamme. Pourtant, les prix ont commencé à devenir plus abordables depuis quelques mois. Certes, si des entrées de gammes sont disponibles autour de 2 000 euros, le prix moyen atteint souvent 3 000 euros. Seulement, auparavant, c’était plutôt plus de 4 000 euros ! Le prix d’une batterie classique de trois bacs peut paraître élevé. Mais si l’on a déjà fait le choix de bacs allongés électriques, le surcoût de 25% se justifie. Françoise Schmitt, au service marketing de Welonda, relativise les coûts : « la principale question doit plutôt être centrée sur l’envie ou non d’aller plus loin au niveau des services proposés dans le salon. Ces articles sont plus onéreux mais il faut les voir comme un investissement plus large. De toute façon, nous proposons des partenariats afin d’aider les salons à s’équiper. Et entrer dans une logique de spa ou de détente implique une stratégie globale et un salon qui soit au niveau.» Une approche en phase avec celle de Rodolphe Bourdet, de Kiela : « Tout doit être qualitatif et à niveau, c’est notre exigence depuis toujours. » Du repose-jambe électrique à la télécommande intégrée mise à disposition de la cliente, en passant par la colonne biseautée permettant une bonne position du coiffeur lors du massage, rien n’est laissé au hasard. « Le salon doit être étudié, l’équipe à la hauteur, le service bien pensé et le marketing du lieu adapté ! Les bacs massants ne sont qu’un des aspects d’un mouvement de fond qui n’est pas une mode passagère.»
UNE DÉMARCHE FORCÉMENT GLOBALE
Si les fournisseurs manquent de recul face à ce mouvement émergent, Grégory Gohill de Gamma MG Bros insiste cependant : « depuis 4 ans nous y croyons, en suivant le constat que l’esthétique façon spa et les massages prennent de plus en plus d’ampleur. Reste que dans la coiffure, le mouvement est pour le moment limité, même si ces bacs massants (par compression d’air) représentent actuellement presque 10% de nos ventes. L’investissement peut être très payant, d’autant qu’aujourd’hui, au vu du faible niveau d’équipement, un salon peut mettre en avant d’avoir été le premier ou l’un des seuls alentour à proposer cette prestation. Il va de soi que le shiatsu du cuir chevelu est obligatoire afin que cet investissement ait un sens. Je constate d’ailleurs que ceux qui s’équipent vont jusqu’au bout de la logique, et sont à un niveau de prix qui permet la mise en place de ce service sans qu’il soit facturé en supplément. » L’autre solution consiste à proposer le passage à ce type de bac comme un service supplémentaire, mais dans un espace séparé, tel qu’une cabine de soin. La mauvaise solution de l’avis de tous : équiper un fauteuil unique au milieu d’une zone de bacs classique. Rien de tel pour obtenir un effet désastreux auprès des clientes qui sont sur les bacs normaux ! Un point sur lequel insiste Danielle Cierlak, responsable du service mobilier pour Coopéré. « Si les ventes en batterie sont rares, nous constatons 90% de demandes pour des équipements isolés, en cabine. Depuis 3 à 4 ans nous avions une offre, mais nos ventes commencent seulement maintenant à être significatives. Nos meilleurs clients sont les jeunes qui s’installent, car adapter leur concept en fonction de nouvelles approches est plus aisé pour eux. » Stéphane Motreff, qui représente Beauty Star en France, confirme la bonne orientation de ce marché. « L’équipement est anecdotique, mais les ventes sont bonnes. Nous ne toucherons cependant pas les salons qui font du volume. Utiliser ces matériels comme de simples bacs de lavage n’a pas de sens, cela peut même être contre-productif car leur présence peut générer une attente de la clientèle, qui sera déçue si aucun service qualitatif n’est prévu derrière. Pour répondre aux diverses attentes d’un salon, on peut l’équiper de deux bacs massants VIP à rouleaux elliptiques et à grande vasque (ce qui facilite le massage capillaire), et de deux autres relaxants. Nous avons lancé un nouveau modèle surpiqué, à vasque ronde, le Picard, pour coller aux tendances de décoration. »
EMBARQUEZ POUR UN MOMENT DE DÉTENTE
Si le dernier salon du Cosmoprof, à Bologne (Italie), regorgeait d’exemples de bacs massants, tous plus beaux et performants, la France n’est pour autant pas spécialement en retard dans l’équipement de ses salons. Le mouvement débute partout, même s’il est vrai que les pays du sud sont les plus immédiatement réceptifs aux concepts de bien-être et de beauté globale. Et Danielle Cierlak d’ajouter « c’est un mouvement de fond vers le soin et la détente. Cela valorise la coiffure et génère une grande fidélisation. » Françoise Schmitt, de son côté, y croit à relativement brève échéance, malgré la lenteur de la concrétisation depuis 3 ans. « Les consommateurs sont demandeurs, même si tous les salons ne peuvent s’y mettre. Et les équipements de ce type vont dans le bon sens. Comme les spas et autres concepts basés sur la détente, on en parle de plus en plus, et, même s’ils mettent un certain temps à s’imposer, ils s’implantent… à leur rythme. » Au niveau technique, les mécanismes deviennent plus légers, facilitant l’adaptation et provoquant une baisse des prix. Et déjà pointent à l’horizon des bacs étonnants, entièrement allongés, les actuels étant « semi-allongés ». Mais dans ce cas, l’utilité au quotidien de telles machines reste à démontrer ! Les fauteuils massants sont de leur côté au cœur de la communication d’Air France pour sa classe affaire depuis des mois. Les arguments forts de cette campagne ? Massage, espace et détente… la messe est dite.
L'Eclaireur