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La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com

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L' équipe de la rédaction de L' ECLAIREUR composée de  Brice Thiron, Florence Baumann assisté de l' éditeur Christian GUY ainsi que d' autres contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de L'ECLAIREUR,  Vous bénéficiez ainsi de plus de 75 ans d' expérience de la coiffure cumulées par nos équipes,  lesquelles ont interviewé  les plus grands professionnels,  dans tous les métiers.

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08 mars 2011

Comment mieux maîtriser le cheveu frisé ?

Le retour de la boucle dans les images de mode, depuis quelques années, n’a pas pour autant suscité l’engouement des femmes pour ce type de look. Ainsi la permanente continue-t-elle de décliner. En revanche, cette visibilité nouvelle a atteint une cible de taille : les -très nombreuses- femmes qui ont des cheveux naturellement bouclés et ondulés ! Et en effet, elles sont nombreuses, ces femmes à la chevelure ondulée, frisée, voire crépue. Longtemps, elles ont été invisibles dans les salons de coiffure, qu’elles avaient tout simplement désertés faute d’y trouver une bonne écoute et un soin adapté à leur nature de cheveux. Lorsqu’on pense « boucle », on associe encore trop souvent à ce marché les femmes aux cheveux afro, éventuellement les Maghrébines, voire les métisses. Mais on oublie les femmes frisées ou bouclées aux cheveux caucasiens, pourtant accueillies dans les salons « classiques ». Et force est de constater que les salons qui ont reconquis cette clientèle ne désemplissent pas, enregistrant un important chiffre d’affaires lié au coiffage -définition des boucles, et plus seulement lissage-, mais surtout aux soins et à la coupe, comme l’explique Laurent Mathéo, Redken Artist : « Aujourd’hui, c’est net : les femmes aux cheveux ondulés commencent à vouloir garder ces formes. Et pour en tirer le meilleur parti, elles ont besoin de notre intervention. Notre premier geste technique consiste à hydrater le cheveu. Ensuite s’impose un gros travail, très intéressant, de coiffage et de coupe, qui implique de définir correctement la densité des boucles, l’épaisseur de la chevelure et le positionnement des volumes.  Un petit travail de quelques mèches au fer à lisser et au «babyliss» permet d’accentuer ou d’atténuer les volumes à certains endroits. Même naturels, les cheveux frisés ou ondulés n’offrent pas toujours le meilleur rendu, certaines zones de la chevelure ayant un mauvais tombant. Le travail de définition des boucles est donc essentiel. » Et il ne faut pas hésiter à couper : « Une base de carré plongeant a un assez bon rendu », suggère Laurent Mathéo. Mais on doit surtout éviter l’erreur classique qui consiste à ne pas tenir compte de l’élasticité du cheveu et de ses spécificités, avec le risque d’obtenir un résultat bizarre dès le premier shampooing. « Il convient d’éviter les effilages au rasoir, mais on peut réaliser un piquetage profond. Si l’on désépaissit, il faut le faire sans altérer la fibre, sinon on aura du mal à se recoiffer. Un bon travail d’élévation et de séparation des mèches est indispensable, sans quoi les volumes se positionnent de travers », explique Laurent Mathéo. L’imprécision du coup de ciseaux n’est peut-être pas aussi visible que dans le cas des cheveux fins et clairs, mais elle sera perceptible dans le positionnement des volumes. Dans la même logique, il ne faut pas trop dégrader le cheveu.

PRIORITÉ AU SOIN
L’autre erreur classique consiste à ignorer que les cheveux ondulés ou frisés remontent beaucoup après le séchage, un obstacle que certains contournent grâce à la coupe sur cheveux secs. Aujourd’hui encore, le résultat obtenu lors d’une coupe est le plus souvent décevant, avec un rendu très court, trop de coiffeurs travaillant ce cheveu de la même façon que le cheveu raide, sans tenir compte de son épaisseur, de sa densité, de sa frisure, etc. Jean-Claude Aubry, conscient de cette situation, cherche à établir une classification de ces éléments (avec numérotation conventionnelle) en vue de fixer une terminologie commune aux coiffeurs, comme c’est le cas pour la coloration où une teinte et son reflet correspondent à une référence. Nahéma Abaroudi, directrice artistique du groupe Jean-Claude Aubry, enseigne dans la nouvelle académie dédiée à l’entretien des cheveux frisés. « Les femmes aux cheveux frisés et souples cherchent surtout à les discipliner et à garder un beau cheveu. Mais certaines d’entre elles désirent en prime pouvoir continuer à jouer avec les longueurs ; même à ces femmes, il faut proposer une coupe en plus des essentielles prestations de soins en salon et en suivi à la maison. Les Noires savent d’expérience que, sous nos latitudes, l’application d’un soin est nécessaire à la bonne santé de leurs cheveux. Les autres femmes aux cheveux frisés rencontrent des problèmes similaires : sécheresse, cheveux plus fragiles. Et même si l’entretien de leurs cheveux au quotidien est moins contraignant que pour les Noires, celles qui veulent garder de beaux cheveux souples y consacreront du temps et utiliseront des produits spécifiques. A nous de les conseiller, d’expliquer comment alterner les soins, les cures, et trouver les bons coiffages. C’est très valorisant en salon, car le résultat d’un soin efficace se voit immédiatement. Pourquoi tant de femmes ayant cette nature de cheveux veulent-elles conserver leurs longueurs ? Parce que c’est beau, bien sûr, mais aussi parce que le poids des cheveux longs contribue à les discipliner. Car les cheveux raccourcis peuvent, de leur côté, réserver de mauvaises surprises quand on n’a pas l’habitude… », explique-t-elle. Le fait de garder ses longueurs n’empêche pas de donner un peu plus de style à sa chevelure, mais en évitant de trop dégrader le cheveu sur le dessus de tête, « on peut aussi partir d’une base de carré long asymétrique en jouant avec des angles et les rondeurs naturelles de la chevelure, ou simplement travailler quelques mèches courtes sur le devant pour créer un bel effet, même si cela risque d’entraîner plus de contraintes pour la cliente lors de son coiffage quotidien. Mais pourquoi pas, pourvu que tout ait été discuté au préalable avec elle… Enfin, il est possible de ne ”redessiner” que les contours ou le dessus de tête. Aller jusqu’à couper court implique souvent un choix de lignes plus graphiques et affirmées, qu’il faut ensuite assumer ; reste que c’est très joli », précise Nahéma Abaroudi. Dès que l’on parle de coupe ou de coiffage, tous les spécialistes abordent immédiatement le sujet du soin adapté à ce type de cheveu, qui réagit diversement selon les produits appliqués ou… la latitude du pays où il se trouve (hygrométrie et température différentes). Les sérums et les soins profonds à appliquer la nuit, dont l’usage se développe, sont particulièrement adaptés à ces chevelures sensibles. Le soin pour cheveux frisés représente donc un bel axe de développement pour la revente, ce qui ne laisse aucune marque indifférente, chacune ayant sensiblement augmenté ses références dans ces gammes.


UNE NATURE DE CHEVEUX « FACILE » À TRAVAILLER
Garder ses cheveux frisés ne constitue plus un choix par défaut, et on peut les mettre en valeur en travaillant leur coupe, leur brillance, mais aussi leur couleur. Ce type de clientèle, trop longtemps marginalisée, est à la fois très méfiante envers les coiffeurs et très facile à fidéliser si l’on sait traiter sa nature de cheveux. Selon Laurent Mathéo, il convient de lui proposer des services inédits, tout en prodiguant des conseils adaptés et en émettant un diagnostic précis, qui doit être précédé d’une longue phase d’observation des réactions de la chevelure. « En prime, ce type de cheveux est idéal pour réaliser de superbes attaches et des chignons, et créer des effets de matière ; ainsi, les tortillons permettent, le temps d’une soirée, d’obtenir une chevelure mousseuse. Les boucles sont plus faciles à attacher et à positionner : en posant 4 ou 5 épingles, on a tout de suite une belle attache sensuelle, que l’on peut légèrement lisser. Ces dernières années, les magazines et les stars ont beaucoup contribué à révéler toute la beauté des cheveux ondulés puis des cheveux frisés. Les jeunes commencent à s’y montrer sensibles, mais en tant que professionnels, nous ne devons pas oublier les fondamentaux : entretenir, réparer et discipliner », insiste-t-il. En revanche, les lissages à répétition et les brushings agressent le cheveu presque autant qu’une technique chimique. Du coup, le milieu du cheveu bouclé a adopté de petites astuces plus ou moins efficaces pour discipliner ou lisser les longueurs. Ainsi, le « wrap », une technique mexicaine, consiste à enrouler les cheveux à plat autour du crâne après un rapide « préséchage ». On fixe ensuite le tout avec un filet -certains le font avec du cellophane-, et on applique de la chaleur. « C’est plutôt pas mal, surtout lorsqu’on désire travailler le cheveu ainsi préparé : on l’agresse déjà beaucoup moins, confirme Nahéma Abaroudi. Il existe de nombreuses bonnes vieilles techniques en coiffure, y compris la mise en plis, lesquelles sont trop souvent oubliées,  alors qu’elles apportent beaucoup ! Mais, dans tous les cas, il faut limiter les manipulations au minimum : trop de femmes se brûlent les cheveux en abusant de la technique «babyliss» ou en effectuant un lissage quotidien au fer. » Comme pour tout, les excès nuisent à la santé !

Bruno Thomas


« FEMME TRÈS FRISÉE RECHERCHE LOOK NATUREL, FACILE À VIVRE… »
Les femmes très frisées ou crépues plébiscitent encore largement le lissage ou le défrisage. Pourtant, la préservation du naturel de leurs cheveux ou les techniques plus légères commencent à les tenter. Eric Alexis Rosso, ambassadeur emblématique de Mizani, observe avec plaisir ces femmes, surtout d’origine africaine, qui osent tous les looks ; non par  revendication, comme dans les années 70, mais tout simplement pour le plaisir esthétique d’adopter une diversité de styles. Encore faut-il savoir les satisfaire… « La coupe sur cheveux très frisés ou crépus est très différente, et l’on n’en tient pas forcément compte, constate-t-il. Par exemple, ce cheveu ne s’effile pas en racine, et on peut affiner mais pas désépaissir en racine. La coupe se dessine donc dans l’espace. L’élasticité du cheveu très frisé est un facteur essentiel. Je ‘‘précoupe” à sec, ce qui aide aussi la femme à voir la transformation opérée et à prendre confiance, puis j’affine sur cheveux mouillés, avec un effilage atteignant au maximum les mi-longueurs. Il faut faire léger, sinon, malgré un résultat satisfaisant sur le moment, on obtient des poteaux à la repousse ! Pour le pur afro, en revanche, je coupe à sec à 100%, aux ciseaux. Pour la femme qui veut préserver un peu le naturel de sa chevelure, je conseille d’assouplir légèrement le cheveu pour le rendre plus malléable. » Mais il insiste sur l’hydratation pour travailler la qualité de la fibre : « Un cheveu un peu détendu gagne en longueur : c’est un motif de satisfaction pour les femmes aux cheveux crépus, car elles ont des difficultés à les faire pousser longs. » Tissage, tresses, fer américain en lissage, gaufrage : les techniques ne manquent pas à côté du défrisage, qui reste la technique reine. « Les femmes aux cheveux frisés et, plus encore, celles aux cheveux crépus ont trop souvent affaire à des coiffeurs qui ne savent pas couper, défriser, et oublient le soin. La situation s’améliore pourtant, mais trop lentement… Il faut se former. »