Premier contact direct avec la tête du client, le shampooing est partie intégrante de la prestation, et surtout de l’impression que la femme gardera du temps passé au salon ! Focus sur un moment parfois un peu «expédié»… Toutes les étapes comptent, à commencer par la façon d’installer la cliente au bac à shampooing : bien sûr, on privilégiera une gestuelle délicate, n’hésitant pas à poser doucement la main sur son front si on sent que cela sera bien perçu. Surtout, on lui parle, on lui demande si elle est bien installée. Objectif : parvenir à bien rincer la nuque, endroit délicat d’accès, sans pour autant que l’eau ne coule dans le dos à ce moment-là. Attention aux personnes d’âge mûr, qui peuvent avoir du mal à pencher la tête en arrière.
UN VRAI RITUEL
Idéalement, le shampooing démarre par un brossage de la chevelure, qui élimine résidus de coiffants, poussière, etc. La légère tension occasionnée par le brossage constitue d’ailleurs un début de massage, en stimulant la circulation sanguine. Bien sûr, la ou les brosses retenues sont constituées de matériaux nobles (soies naturelles...), et surtout pas métalliques ! Un massage pré-shampooing peut aussi trouver sa place avant de commencer le lavage proprement dit. Il y a 10 ans, la maison Phyto a mis au point une véritable méthode de shampooing, «que nous continuons à peaufiner peu à peu», note Dominique Vedi, directeur technique export. Chez Phyto, le rituel du shampooing prévoit ce massage, à l’aide d’un produit relaxant composé d’huiles essentielles. Vient ensuite le choix du bon produit. Fera-t-on en fonction du cuir chevelu, du cheveu ? «L’essentiel est de traiter l’urgence, en expliquant à chaque fois», conseille Dominique Vedi. Par exemple, si la femme s’est fait une couleur la semaine précédente, on opte pour un shampooing pour cheveux colorés, si elle a les cheveux fins et mous on choisit en conséquence... Sachant que tout shampooing traitant requiert 2 à 3 minutes de temps de pose. «Mais, note Dominique Vedi, excepté les shampooings spécifiques, le shampooing est destiné avant tout au cuir chevelu, la partie «vivante» : le tour du cheveu viendra ensuite !»
PRENDRE LA TEMPÉRATURE
Un bon truc livré par Pascal Tribouillier, coloriste et créateur de la marque de produits naturels Dayna Paris India : «je dilue la dose nécessaire de shampooing dans un peu d’eau, dans un petit récipient type tasse à thé : ça rend le produit liquide, et donc plus facile à répartir.» Et un shampooing bien réparti, c’est l’une des clés pour obtenir une chevelure parfaitement lavée… C’est d’ailleurs dans ce souci que chez Phyto, on prévoit une petite bouteille adaptée, type applicateur, munie d’un petit cône au bout.
Pour émulsionner le shampooing, on verse de l’eau, mais petit à petit, un peu comme pour émulsionner une couleur. Question température, c’est au goût de la cliente : là encore, ne pas oublier de lui demander si elle lui convient. «Exception : les cuirs chevelus gras, pour lesquels la température a une incidence, pondère Dominique Vedi. On privilégie l’eau tiède, qui a un effet astringent, de «resserrage» des pores.» «Le geste du lavage doit commencer en douceur, conseille Pascal Tribouillier, avant de se faire plus énergétique pendant 30 à 40 secondes, puis de s’achever à nouveau doucement, sachant que plus le cheveu est fin, moins on a besoin de frotter.»
UN RINÇAGE IMPECCABLE
Le rinçage, qui bien sûr doit être nickel, est également une étape importante. Le temps de rinçage dépend bien entendu de la chevelure : cheveux poreux ou non, longs, épais ou fins... «C’est le moment ou jamais de faire vivre la chevelure : il faut la soulever, toucher la matière, l’aérer...», souligne Pascal Tribouiller. Terminer par un jet d’eau froide, pour un effet chaud/froid type sauna, tonifie le cuir chevelu... à condition que la cliente en ait envie ! Donc, pas question de le lui infliger, on lui demande son avis. «Ok pour la douchette d’eau froide sur cheveux longs, poursuit Pascal Tribouillier. Mais pour les cheveux courts ou mi-longs, je préfère verser de l’eau fraîche dans un bol, que je pioche avec les doigts en faisant couler un filet d’eau sur la tête de la femme, façon fontaine...» Un shampooing... ou deux ? L’hygiène des Français est tout de même en net progrès, et hommes comme femmes se lavent les cheveux souvent. Le deuxième shampooing n’a donc rien d’obligatoire, même s’il peut s’avérer intéressant en cas de cheveu «glissant», pas encore totalement débarrassé des résidus de coiffants. C’est donc du cas par cas, au professionnel de faire appel à son expertise ! D’autant qu’un shampooing bien réalisé, c’est une agréable entrée en matière pour la suite de la prestation
QUELQUES PIÈGES À ÉVITER
- le shampooing effectué mécaniquement, avant de passer «aux choses sérieuses» : coupe, coiffage...
- la position trop courbée en avant : ça abîme le dos, et n’est pas forcément un signe de maîtrise de soi. Pascal Tribouillier : «en général, plus le collaborateur est penché sur la cliente, moins il est sûr de lui».
- l’oubli de certains endroits, comme la nuque, en répartissant le produit, en rinçant... «Pour éviter cela, en Extrême-Orient, le client est allongé durant le shampooing», précise Dominique Vedi.
- les messages visuels trop forts à proximité du bac à shampooing : posters et autres affiches trouvent mieux leur place dans d’autres endroits du salon, une jolie photo suffit.
- la communication verbale excessive : le shampooing est avant tout un moment de relaxation. Dans le même esprit, si la manucure intervient pendant celui-ci, mieux vaut s’être mis d’accord au préalable sur la prestation !
FACE À LA GLACE...
Surprise : chez Phyto, une bonne partie du rituel du shampooing se déroule, pour la cliente, non pas au bac à shampooing... mais assise, face au miroir. Ainsi, pour favoriser une répartition optimale du produit, notamment dans la nuque, la femme est encore installée à cet endroit quand on le lui applique. C’est seulement après le massage «de répartition» qu’on l’accompagne au bac. Dominique Vedi : «l’idée est aussi de transformer les clients en témoins actifs de la prestation, et non plus en personnes un peu «passives» comme au bac à shampooing ; cela permet d’imposer le collaborateur en charge du shampooing (souvent un junior) comme un vrai professionnel, qui affronte les clients, leurs questions sur le produit, etc.» Evidemment, ça suppose que le collaborateur soit capable d’y répondre, et soit donc formé au produit et à la technique...