Ternes, atones, presque sans vie, les cheveux sensibilisés ont, plus que les autres, envie de se refaire une couleur. Une opération possible à condition de prendre en compte leur grande fragilité. Et de s’armer de patience ! Mais un cheveu abîmé ne se colore pas de la même façon qu’un cheveu sain. Un taux de kératine diminué, un corps poreux, ne font pas bon ménage avec les pigments, puisque ces derniers ne se fixent pas suffisamment dans le cheveu pour lui donner son nouvel éclat. La solution ? Traiter le cheveu en salon avant la coloration afin qu’il retrouve son intégrité. La plupart des marques l’ont d’ailleurs compris, et proposent des soins adaptés.
Il ne faut pas hésiter à sensibiliser sa clientèle aux soins, d’autant que c’est aussi un moyen d’augmenter son chiffre d’affaires revente ! Le célèbre coloriste Rodolphe, propriétaire du salon Coloré par Rodolphe, à Paris, demande ainsi systématiquement à ses clientes d’enduire leurs cheveux d’huile capillaire, la veille de leur venue. “ Ce n’est pas la couleur qui est brillante, c’est le cheveu qui est en bonne santé ”, explique-t-il . Chez L’Oréal Professionnel, on préconise d’utiliser, avant la coloration, “ Color Equalise ”, un soin qui égalise la porosité du cheveu grâce à un composé capable de consolider le ciment cellulaire et de reformer les liaisons kératiniques dans le cortex.
COLORATIONS SEMI PERMANENTES ET TON SUR TON
Depuis une dizaine d’années, les marques de produits colorants se sont penchées sur la délicate nature des cheveux sensibilisés. La plupart proposent des gammes de coloration semi permanentes et ton sur ton, les seules admises pour ce type de cheveux. Exit donc les colorations d’oxydation permanentes sous peine de résultats catastrophiques. Sur le marché, on trouve désormais des formules très perfectionnées, moins agressives pour le cheveu. C’est notamment le cas chez Z One Concept. La marque a lancé Milk Shake, une gamme de coloration ton sur ton en deux phases, comprenant une crème colorante à base de pigments naturels et un lait activateur contenant un taux d’oxydation de 2,2 % (au lieu de 5% pour la plupart des autres activateurs du marché). Sa texture douce, parfumée au caramel, permet une application sur tous les cheveux sensibilisés. Même principe chez Pact, où l’on surveille le taux d’oxydation comme le lait sur le feu. La société a ainsi créé Color Pact System, une gamme de coloration semi permanente au taux d’oxydation de 2,2% et contenant seulement 1% d’ammoniaque, le grand ennemi des cheveux sensibilisés. La marque Wella Professionals a quant à elle lancé Color Touch, une coloration ton sur ton sans ammoniaque, à base de cire d’abeille et de kératine liquide, qui garantit le respect du cheveu. Le moyen qui permet de colorer le cheveu avec des taux si bas ? Le temps de pose, qui exige 25 minutes au lieu des 18 minutes habituelles.
RETOUR AU NATUREL
L’arrivée des pigments naturels dans certaines formulations augure également une nouvelle ère. On quitte définitivement le temps des procédés chimiques absolus, pour s’ouvrir sur le sain, qui respecte le cheveu et l’environnement. Comme chez Wella Professionals, où la gamme Eos, à base de colorants naturels, connaît un fort succès. Bien entendu, le rouge pose toujours un problème dans ce type de procédé, personne n’ayant encore trouvé le moyen de le fixer aussi facilement que ses autres amis du cercle chromatique.
Cet engouement pour le retour au naturel semble dessiner également un nouveau positionnement de certaines marques, souhaitant que le coloriste renoue avec les racines de son métier. Ludovic Duprey, responsable technique de Pact, explique : “ En créant nos produits, nous avons volontairement lancésur le marché une gamme de coloration courte, sans formules toutes faites, qui permet au coloriste de créer sa couleur et d’utiliser ses notions de colorimétrie.” Une bonne idée, mais reste à savoir, si dans certains salons fortement fréquentés les techniciens pourront prendre le temps nécessaire…
SOIGNER L'APRÈS-COLORATION
Les marques n’ont cependant pas négligé l’après-coloration. Les nombreuses gammes d’entretien et de soin pour cheveux colorés et fragilisés en témoignent : Essentiel chez Eugène Perma, SP chez Wella Professionals et sa ligne aux apports kératiniques, Color Game et son duo shampooing et masque chez Revlon Professional, à base d'agrumes et enrichi en protéines de blé, ou encore Power Dose chez L’Oréal Professionnel, qui dépose un film protecteur sur le cheveu. Encore faut-il que le technicien s’implique dans cette démarche en encourageant sa cliente à appliquer chez elle le produit de soin adéquat !
Cependant, et en dépit de tous ces progrès techniques, il faut bien comprendre qu’un autre élément, le temps, ne pourra jamais être mis en tube. C’est au technicien d’expliquer à sa cliente que l’on ne peut faire aucun miracle sur un cheveu abîmé et qu’il ne retrouvera sa beauté que s’il est traité étapes par étapes. C’est à lui, aussi, d’être capable de refuser une couleur à sa cliente, si les cheveux sont profondément abîmés, et de lui proposer, à la place de couper les pointes et d’axer sur le soin pendant un bon mois avant de colorer. Ce plan d’attaque peut aussi permettre de nouer un lien de confiance et de fidéliser une clientèle. Alors pourquoi s’en priver
QUELQUES CONSEILS POUR RÉUSSIR EN TERRAIN ABÎMÉ
- Ne jamais cumuler coloration et balayage
- Dans le cas de longueurs et pointes vraiment abîmées et de racines claires -et seulement dans ce cas-, utiliser une coloration permanente sur les racines et une coloration ton sur ton sur les pointes.
- Ne pas utiliser de couleur pure pour remonter la couleur, mais appliquer un shampooing pigmentant avant la coloration.
- Ne pas hésiter à mélanger de la crème de soin (une noisette) dans le bol de préparation pour nourrir le cheveu.
- Travailler dans le temps en ravivant la nuance une fois par semaine à l’aide d’un shampooing pigmentant formulés pour cheveux sensibilisés.
La Rédaction de L'Eclaireur www.leclaireur-coiffeurs.com